It knocks on my door - Liz&Laura

Toutes les informations de la veille avaient été difficiles à absorber. L'idée de la fuite de ses parents lui paraissait à présent préférable à l'idée rocambolesque d'un huis clos entre enfants, ados et jeunes adultes. Elle était même presque sûre que ça ressemblait à un pitch de télé-réalité.

Elle avait eu du mal à se remettre du choc. Elle s'était retrouvée seule avec ses questions qui l'avaient tenue éveillée une bonne partie de la nuit. Une fois la situation plus ou moins ingérée, elle s'était prise à l'idée d'envoyer des messages à sa famille d'abord puis à des camarades d'université. Des messages anodins. Juste pour voir si elle allait recevoir une réponse. Et c'est là qu'elle aperçut "Laura" dans ses contacts. Elle se demandait pourquoi ce ne fut pas son premier réflexe. Elle était peut-être là ? Elle hésita un instant à l'idée de continuer son envoi frénétique de SMS. La possibilité qu'il n'y avait plus de réseau lui effleura l'esprit. Rien ne coûtait un petit passage chez elle. Si ça se trouve sa camarade d'université en savait aussi peu qu'elle ? Elle se leva finalement de son lit et sortit. Elle avait encore la tenue de la veille, n'ayant guère penser à se changer avec tout ce qui lui était tombé dessus. Une petite vérification nasale lui assura qu'elle aurait peut-être dû passer à la douche avant. Mais à vrai dire, pour une fois, Liz conclut que l'opinion d'autrui n'était guère sa première priorité à l'ordre du jour. Peut-être la deuxième. Mais pas la première.

Le trajet jusqu'au domicile de Laura avait quelque chose de profondément surréaliste. L'espace d'un instant, elle s'accrocha à la familiarité du chemin pour oublier un peu ce qui l'avait entrainée à l'emprunter. Cette situation disons... inhabituelle ? Non, le mot sonnait beaucoup trop léger. Une fois arrivée au seuil de la porte, elle hésita un instant. Comment sommes-nous supposés saluer des personnes dans une telle situation? Mais après quelques secondes, elle arriva à se raisonner et à toquer : ce n'était pas vraiment le moment d'angoisser pour si peu.

"Euh, Salut Liz !"

Deuxième humain à qui elle parlait depuis qu'elle avait enfin mis un pied dehors. Elle était plutôt ravie de connaître celle-là et espérait qu'elle n'avait pas d'infos terrifiantes supplémentaires.

"Laura. T'es au courant ?"

Elle se faufila à l'intérieur de la maison de la jeune femme sans attendre, l'air pressé. Comme si dans une ville sans issue, le temps était une question importante.

HRP:

Elle tenait la tasse que Laura lui avait servie et touillait obsessivement son contenu entre chaque gorgée.

“Oui je comprends. Ne t’en fais pas tu sais que tu peux me parler, mais quand tu seras prête pas avant. Mais je comprends bien pourquoi tu n’es pas sorti après un tel événement.”

Liz lui répondit par un léger sourire. Elle savait qu’elle pouvait compter sur Laura. La communication semblait facile avec elle, elle n’avait pas l’impression d’être sans cesse prise au piège des signes et des conventions.

“Moi c’est le matin de Noël que j’ai tout de suite compris, mon Père ne m’aurait jamais abandonner.”

Elle vit la mine de Laura s’assombrir et par automatisme elle posa sa main sur l’épaule de son amie. Elle n’avait pas vraiment de mots adéquats à ce sujet, elle en avait rarement. Elle privilégiait le silence dans de telles circonstances.

“Eh bien j’ai entendu parlé que plusieurs groupes c’était formés, un à la Mairie et d’autres plus disparates et plus sélectifs. Mais moi tu sais je n’aime pas être entourée de beaucoup de monde alors j’ai absolument pas voulu rejoindre qui que ce soit et je suis rentrer. Je suis pas tellement sorti non plus et j’me suis organiser en faisant l’inventaire de mes affaires. Si quelque chose disparaît je le saurais, et je sais ce que je possède ici comme ça. Y’a la ferme à côté aussi où je vais prendre les oeufs et nourrir les poules, ça aide pas mal. Je me poses des questions mais m’occuper et me préparer à survivre le plus longtemps possible est ma priorité tu vois ?”

C’est vrai que Liz devrait penser à faire de même. Elle n’avait aucune idée du nombre de ressources alimentaires qui lui restaient… Qui sait combien de temps ils allaient rester bloqués ici? Et elle se savait peu encline à cambrioler des maisons ou des magasins. Elle espérait qu’elle n’aurait pas à en arriver là... puis dans tous les cas, en était-elle même capable?

“J’y ai absolument pas pensé… il faudrait que je fasse ça en rentrant... Mais oui clairement… la survie avant tout…”

Pour ce qui est des groupes… Liz n’était pas prête à s’adonner à des jeux d’alliance mais elle ne se sentait pas non plus la force de vaincre cela totalement seule. Elle tentait d’envisager un compromis.

“Laura… je sais que tu veux rester seule… mais ça te dit qu’on se promette de toujours veiller l’une sur l’autre ? Au moins, aller toquer à la porte et qu’on n’hésite pas à se demander de l’aide si besoin… Juste qu’on soit pas totalement toutes seules...”

Elle gardait les yeux fixés sur la tasse en posant cette question. Elle ne voulait pas avoir l'air trop implorant, trop pitoyable. Elle souhaitait que la réponse, peu importe son issue, soit de la volonté de Laura et non d'une quelconque pitié qu'elle aurait suscitée. Elle savait très bien qu'elle était loin d'être un atout idéal dans une situation de vie ou de mort.